Un muscle fort est-il nécessairement un muscle gros et un muscle gros est-il nécessairement un muscl
- Stéphane BARDEL
- 24 nov. 2013
- 4 min de lecture
Un muscle fort est-il nécessairement un muscle gros et un muscle gros est-il nécessairement un muscle fort ?
November 24, 2013
La force maximale pour un exercice donné est la charge maximale possible de soulever avec une forme d'exécution correcte : la RM 1
La force est corrélée à la masse musculaire, mais de façon non linéaire, c'est-à-dire que l'on peut dans une certaine limite augmenter l'une et pas l'autre, et vice-vers. En général, la force d'un muscle dépend surtout de sa section transversale, et en moyenne, il y a une force de 6 kg par cm2 (Hettinger 1966, 29). Si la section transversale du muscle augmente, la force augmente aussi. (.Jürgen Weineck, Manuel d'entraînement )
Facteurs susceptibles d'influencer la force maximale démontrée sur un exercice donné
Hypertrophie sarcoplasmique et hypertrophie des sarcomères
On distingue deux types d'hypertrophie musculaire : l'hypertrophie sarcoplasmique et l'hypertrophie des sarcomères.
Dans le premier cas, le volume musculaire augmente car les réserves énergétiques du muscle s'accroît : ce type d'hypertrophie contribue moins à l'augmentation de la force maximale, mais permet d'améliorer sa "résistance".
Dans le second cas, le volume musculaire augmente par l'épaississement des myofibrilles : ce type d'hypertrophie contribue à l'augmentation de la force maximale, mais moins à l'augmentation de la "résistance".
En faisant l'analogie avec un véhicule, l'hypertrophie sarcoplasmique pourrait correspondre à une augmentation de la capacité d'essence, et l'hypertrophie des sarcomères à un plus gros moteur : Dans le premier cas l'automobile roulera plus longtemps, dans le second potentiellement plus rapidement.
Ceci seul permet d'expliquer pourquoi certaines personnes sont plus musclées que d'autres, mais démontrent moins de force.
Toutefois, de nombreux autres facteurs doivent être considérés, rendant toutes comparaisons définitivement peu pertinentes.
L'augmentation du volume musculaire se fait par l'épaississement de chacune des fibres musculaires, grâce à l'accroissement du diamètre et de la longueur des myofibrilles. Ce sont surtout les fibres rapides qui augmentent leur diamètre par l'entraînement de la force. […] Pour l'instant, la question de l'augmentation du nombre de cellules de la fibre musculaire (hyperplasie) n'est pas élucidée, bien que Goldberg et Col. (1975) l'aient constaté à l'occasion une division longitudinale de la cellule musculaire, lorsqu'un diamètre critique était atteint.
[…] Augmentation des réserves de sources d'énergie et des enzymes […]
Jürgen Weineck, Manuel d'entrainement
Leviers
Les leviers mis en jeu peuvent être plus ou moins favorables selon les exercices. Un individu aux petit torse et membres longs aura des facilités "mécaniques" au soulevé de terre (trajectoire plus courte), mais des difficultés au squat. A contrario, une personne aux bras courts aura par exemple des facilités aux flexions et extensions des bras (meilleur bras de levier) et au développé couché (trajectoire plus courte).
En conservant l'analogie à la voiture, ce serait les mêmes différences qu'entre une F1 et un 4×4 : sur certains terrains, l'un est plus adapté que l'autre, quel que soit le nombre de chevaux sous le capot.
Coordination intermusculaire
Le niveau de coordination intermusculaire est spécifique à un exercice : - les masses musculaires mises en jeu le sont-elles au bon moment ? - les muscles antagonistes n'entravent-ils pas le mouvement à un moment quelconque de celui-ci par une contraction involontaire inopportune ?
Souvent, les débutants contractent "tous" leurs muscles quelque soit l'exercice, car ils ne maîtrisent pas encore bien la gestuelle de ceux-ci. En quelques semaines, ils démontrent très vite de la force ne serait-ce que parce qu'ils ont "appris" à contracter les bons muscles au moment opportun dans l'effort.
Analogie : le conducteur en apprentissage qui monte à 60 km/h en deuxième vitesse et épuise le moteur pour rien !
Efficacité neuromusculaire/innervation intramusculaire
L'efficacité neuromusculaire ou innervation intramusculaire peut se traduire par le nombre de fibres musculaires que vous êtes capable de mobiliser dans un effort maximal. Certaines personnes ont une masse musculaire faible, mais peuvent mobiliser 70% de leurs "fibres" dans un effort maximal volontaire quand d'autres n'en mobiliseront que 50%. C'est le solde, cette marge, qui fait que dans certaines conditions particulières (hypnose ou mise en jeu d'une vie), des personnes sont capables de soulever des charges inattendues. Par exemple, une mère peut pour le sauver, lever une énorme armoire tombé sur son enfant.
Analogie : une motocyclette immatriculée en France est bridé à 106 cv !
Dans la première étape de l'entraînement de la force, c'est surtout par l'amélioration de l'innervation intramusculaire que se fait le gain de force observé, c'est-à-dire, que lors d'une contraction musculaire volontaire, un plus grand nombre de fibres peuvent être contractées. C'est plus tard durant le processus d'entraînement, qu'apparaît une hypertrophie du muscle par un agrandissement du diamètre des fibres et par conséquent, du muscle lui-même (Friedebold, Nüssgen et Stoboy 1957).
Jürgen Weineck, Manuel d'entrainement
Vitesse de mobilisation des fibres musculaires
La vitesse de mobilisation des fibres est critique : plus vous mobilisez un nombre important de fibres rapidement, plus vous pourrez donner de l'élan à la charge, avec pour conséquence qu'il vous "aide" dès l'initiation du mouvement.
Cette qualité est primordiale en haltérophilie : essayez de faire un arraché ou un épaulé-jeté lentement, sans élan !
Analogie : à vélo, départ arrêté, soit une côté à 10% à 100 m. Plus vous arriverez vite au départ de la côté, plus facilement et avec le minimum d'effort vous pourrez la "passer".
[…] Amélioration de l'excitabilité électrique et accroissement de la vitesse d'excitation (Mellerowicz et Meller 1972) […]
Jürgen Weineck, Manuel d'entrainement
De l'inutilité de vouloir comparer deux individus entre eux
Si tirer des conclusions fiables sur la force d'un individu d'après sa masse musculaire est difficile, cela devient utopique entre deux individus de morphologie, age, expérience différents.
Si visuellement, ils peuvent "démontrer" la même force (c'est-à-dire lever la même charge), le travail musculaire "réel" peut-être très différent (sauf peut-être dans le cas de vrai jumeaux au même passé sportif et aux mensurations identiques).
Toutefois, si on compare l'élite des haltérophiles ou des pratiquants de force athlétique, qui ont probablement toutes les qualités morphologiques et génétiques pour soulever des charges importantes et une innervation intramusculaire "maximale", les plus musclés sont bien les plus forts ; d'où la création de catégorie de poids afin de donner une chance à chaque athlète.
Comentarios